Assurer son enfant contre les risques de maladies graves? Oui, mais pas à n'importe quel prix!
- LeFinanciste

- 23 juin 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 sept.

Une réponse à l'article de Marie-Ève Fournier dans la Presse du 12 juin 2022.
Je suis un amateur de l’écriture et des sujets de Madame Fournier. La semaine dernière, à la lecture de son article sur l’assurance maladies graves pour enfants (https://www.lapresse.ca/affaires/chroniques/2022-06-12/assurer-bebe-pour-prendre-soin-de-lui.php), j’ai eu l’envie de commenter un petit peu plus le sujet. L’assurance contre les maladies graves est un sujet litigieux actuellement. En début d’année, l’AMF s’est même prononcée contre les méthodes de ventes des représentants et des compagnies d’assurances et ils publient un avertissement au grand public sur leur page web: https://lautorite.qc.ca/grand-public/assurance/assurance-maladies-redoutees-graves/. Je suis d’accord avec l’AMF et je suis d’avis que ce type d’assurance est très mal vendu par les représentants. Les stratégies de vente des conseillers présentent souvent des demi-vérités et les arguments de ventes peuvent rapidement devenir douteux. Le besoin pour une telle protection existe, mais pas à n'importe quel prix.
J’aimerais commencer en soulignant que la vente d’un produit d’assurance maladies graves pour enfants se fait habituellement auprès de jeunes parents. Ces jeunes parents ne se rendent peut-être pas encore compte qu’ils sont ou seront bientôt dans une crise de liquidité. Les dépenses de toutes sortes arriveront de partout. La maison est à payer, la ou les voitures, les rénovations, les impôts… Sans oublier qu'il faut investir le plus possible lorsque nous sommes jeunes afin de profiter des intérêts composés. Il est vrai qu’une maladie chez notre enfant peut devenir une catastrophe sur notre portefeuille, cependant une trop grosse prime d’assurance peut l’être tout autant.
Si vous lisez toujours et que le sujet vous intéresse, c’est que votre besoin d’assurance est probablement présent, mais temporaire. Le besoin d’assurance maladies graves est toujours temporaire! Sérieusement! Si votre enfant développe un cancer à 66ans, ce serait triste, mais il devrait avoir déjà accumulé ses sous pour la retraite et son patrimoine pour l’aider à répondre aux dépenses. En fait, vous n’assurez pas votre enfant pour lui-même, vous vous protégez vous-même. Vous vous protégez contre un arrêt de travail provoqué par des soins ou un accompagnement de votre enfant pour des soins. C'est une protection contre une perte de salaire temporaire. De peur de me répéter, ce besoin est temporaire.
Le remboursement des primes est une belle façon pour le conseiller de doubler votre prime et de sortir de chez vous avec une juteuse commission. Cet avenant vendu pour vous empêcher « de payer pour rien » vous coute énormément!
Prenons la stratégie du conseiller Desjardins dans l’article et comparons avec le prix de la police temporaire proposée par l’autre conseiller Canada Vie. L'option Desjardins à 848$ par année pour une police permanente (rappelons ici que le besoin n’est pas permanent) contre 295$ pour l’assurance temporaire 20ans (plus raisonnable, mais il existe d’autres produits). Vous payez 553$ de plus pour avoir la « chance » de récupérer votre argent dans 20 ans. Il s’agit d’environ 46$ par mois de plus pendant 20ans.
Investir la différence à un taux de 5% par année vous donnerait un montant de 18 986$ dans 20ans et une police temporaire qui se termine… versus un remboursement de prime de 16960$. Le remboursement de prime termine aussi la protection. J’admets que mon 5% est hypothétique et le remboursement de prime est certain… mais l’est-il vraiment? S’il était certain, vous ne prendriez pas d’assurance. Si vous recevez des prestations de maladies graves avec votre police, vous aurez alors payé beaucoup plus cher pour recevoir la même prestation. En cas de prestations, le remboursement de prime s'élimine.
De plus, pendant les 20ans que vous payez cette police, vous ne pouvez pas faire de retrait, ni faire de changement, ni commencer un REEE avec le montant de remboursement de prime. L’argent est gelé, perdu dans les limbes et restera hypothétique jusqu’à l’annulation de votre police.
La logique semble très claire ici. Si vous découvrez un besoin avec votre professionnelle, il s’agira alors de le couvrir avec la prime la moins dispendieuse pour la meilleure période de temps. Gardez votre liquidité pour investir dans un REEE de votre enfant (bonifié de 30% par le gouvernement), dans votre REER (pouvant vous faire sauver jusqu'à 53.31%), dans votre CELI ou dans le remboursement de vos dettes. Vous ne demandez pas le remboursement des primes sur votre assurance auto ou habitation. Pourquoi le demander sur l’assurance maladies graves de vos enfants?
Comme présenté par l’AMF, les définitions de ces produits sont souvent trompeuses ou trop spécifiques pour ce que vous croyez avoir comme protection. Faites attention de bien lire et d’en discuter avec un professionnel. Je vous donne l’exemple d’une police type aux enfants que j’ai vus. Ils disent couvrir plus de 30 maladies, mais dans cette liste se trouvent (par exemple) l’autisme. En cherchant plus loin dans la définition, nous voyons que l’autisme est couvert si diagnostiqué avant l’âge de 36 mois. Après discussion avec un professionnel de la santé, ce type de conditions se diagnostique très rarement avant l’âge de 4ans. Dans ce cas vous pensiez être couvert, mais vous ne l’êtes pas réellement.
L’assurance maladies graves pour enfants peut être utile et importante dans un bon plan financier. Cependant, rappelez-vous que les liquidités pour une jeune famille le sont tout autant et la flexibilité l’est encore plus. Les produits permanents sont à éviter. Choisir l’avenant de remboursements de primes n’est pas une décision rationnelle.
N’oubliez pas que la prestation est libre d’impôt alors environ 60% de votre salaire annuel en prestation vous couvrirait l’équivalent d’une année nette sans salaire. Regardez avec votre professionnel ce qui semblerait le mieux pour vous. C’est ici l’importance de choisir le bon professionnel pour vous accompagner et non pas un vendeur de produits.






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